Résultats de l’enquête menée par l’Institut Nutrition & le CREDOC.
Le repas du soir tient une place importante dans la vie des personnes âgées résidant en EHPAD. il marque la fin de la journée et représente une source de plaisir tant sur le plan organoleptique que sur celui de la convivialité. Pour une partie des résidents, l’importance du repas du soir renvoie également à son aspect roboratif et à la satisfaction de ne manquer de rien au dîner. la prise alimentaire en salle à manger participe au bien-être général de la personne âgée et à son équilibre, associant le plaisir, le maintien du lien social et de l’autonomie. Sa perception varie en fonction de divers éléments comme le montre notre étude.
UN CONSTAT PREOCUPPANT
Plus de 3⁄4 des aînés viennent au diner par obligation ou habitude…
L’étude met en évidence que seul un quart des résidents en EHPAD déclare manger par plaisir lors du dîner en institution, la moitié des résidents viennent au repas du soir par habitude, et un quart dit manger par obligation le soir. Une étude de la Fondation Korian1 a quant à elle montré qu’à domicile, seul 7% dînent par obligation, plus de la moitié mange par habitude et un tiers mange par plaisir. l’ancienneté de résidence dans l’établissement n’influence pas l’intérêt porté au repas du soir.
En approfondissant l’enquête sur les perceptions de chacun, il apparaît que si la motivation pour la prise alimentaire du soir n’est pas palpable, le niveau de satisfaction demeure élevé quant aux composantes du dîner.
Dans les EHPADs enquêtés, 76% des résidents déclarent être satisfaits ou très satisfaits d’au moins 3 des 4 des composantes du dîner – en particulier de l’entrée et du dessert.
Afin d’améliorer la qualité de vie des résidents, les institutions publiques recommandent un aménagement de l’espace dédié au repas qui favorise la convivialité. Sur l’ensemble des ques- tions relatives à la salle à manger, les avis sont globalement très favorables et aucun élément ne constitue de véritable frein au déroulement du dîner.
En parallèle, les résidents témoignent de beaucoup d’attention à l’égard du personnel qui contribue considérable- ment à améliorer leur bien-être au dîner en leur apportant de l’aide.
POURTANT, LE DINER RESTE CRITIQUE DANS PLUSIEURS DE SES DIMENSIONS
L’adéquation se fait difficilement entre le petit appétit des résidents et la structure d’un repas conforme au GEM- RCN.
le manque d’appétit le soir peut s’ex- pliquer par une prise du goûter rappro- chée du dîner, vers 16h, soit près de 2h seulement avant le début du dîner. il résulte également de la faible activité physique des résidents.
le gaspillage alimentaire en EHPAD est estimé à 170g/repas contre 115 g/ repas tous types d’établissements de restauration collective confondus2. 170 g/repas : le gaspillage alimentaire en EHPAD (2source : Ademe, 2018)
Par ailleurs, une partie des résidents porte une attention particulière à ne pas trop manger le soir en lien avec leur état de santé ou l’attention qu’ils portent à la préparation de leur sommeil jugé plus difficile en cas de trop grands apports énergétiques le soir.
S’il arrive à une minorité de résidents d’avoir faim au cours de la nuit, les solutions trouvées pour contrer la faim sont généralement personnelles :
« Je garde mon goûter (compote, ma- deleine) pour le soir. » F, 80 ans «Desfoisà2hdumatin,jenedorspas et je grignote un biscuit sec sucré. » F, 98 ans
les quantités proposées au dîner ne s’inscrivent pas dans la structuration du dîner que prenaient généralement les résidents à leur domicile3. (3 Institut du Bien vieillir Korian, enquête nutrition à domicile, 2016 ) la proportion de résidents entamant les aliments proposés au dîner est plus importante en EHPAD qu’au domicile, pour les composantes du repas : entrée, plat de résistance, laitage. le des- sert qui est entamé de la même façon (82% contre 80% respectivement).
Pour les laitages, le fromage à pâte molle est préféré aux yaourts dont la diffusion commença seulement dans les années 70 avec le développement des grandes surfaces, bien après l’entrée des résidents dans la vie adulte (premier choix chez 38/96, et second choix chez 15/96 résidents interrogés). Quant aux desserts, fruits frais ou cuits et pâtisseries font jeu égal en termes de préférence dans l’idéal parmi les résidents.
Le bien-être de la personne âgée se solde trop souvent par un dîner précipité
Comparé aux pratiques antérieures des résidents à leur domicile, les repas du soir en EHPAD sont pris plus tôt, principal élément d’insatisfaction (16,6%).
En EHPAD, 100% des dîners débutent avant 19 h contre 37% à domicile, ce qui soulève la question du jeune nocturne : il s’écoule au moins 12 h sans prise alimentaire avant le petit déjeuner. En moyenne, le dîner des résidents dure 45 mn. la durée du repas du soir est fortement tributaire de la contrainte d’organisation du coucher des résidents qui doit être opéré par l’équipe de jour.
LE DINER REVE PAR NOS AINES : « MANGER COMME AVANT, COMME TOUT LE MONDE »
Pour les résidents, le dîner idéal en EH- PAD se définit principalement par référence aux produits qui le composent, plutôt qu’en fonction de l’agencement de la salle à manger ou des convives présents à leur table.
Les résidents apprécieraient de retrouver une structuration du repas et un mode de préparation des plats plus proche de ceux connus à domicile.